Mots-clés
Coordonnées, GPS, Ligne, Localisation, Objet, Point, Polygone, Référentiel terrestre, Satellite
Pensons ici à l’image d’un ballon pour représenter la terre… De cette balle, la seule partie que vous pouvez toucher ou explorer avec vos mains ou outils, c’est sa surface. L’intérieur n’a pas d’intérêt pour vous, du moins pas pour les besoins de cet exposé.
Les océans représentent presque 97% de cette surface, les terres émergées (ou continents) se partageant les 3% restants. Nous vivons quant à nous sur ces 3%, que nous exploitons de diverses manières (agriculture, habitats, industries, forêts, parcs, cours d’eaux, mines, routes, etc.). De ce fait, tout OBJET situé à la surface terrestre est forcément rattaché aux axes X et Y de ce repère (qu’on appelle aussi, rappelez-vous, référentiel terrestre). En géomatique, cet OBJET est représenté par un point, une ligne, un polygone, ou une grille de petits carrés juxtaposés sous forme d’un tableau (ou matrice) de valeurs numériques.
Cet OBJECT c’est votre maison, l’école du quartier, l’hôpital le plus proche de chez vous, le cybercafé à l’angle de la rue, l’autoroute à péage, l’échangeur de la Patte-d’oie, le puits du village, le fleuve Sénégal, votre banque, votre ville ou pays, votre véhicule et, pourquoi pas, c’est peut-être même vous qui vous déplacez, en marchant ou dans votre véhicule… La géo-filature, ça vous dit quelque chose?
On s’entend donc sur un point: chacun de ces OBJETS est localisé à la surface de la terre par ses coordonnées X et Y. Votre maison possède des coordonnées X et Y qui ne changent pas et sont uniques au monde, car elle est supposée être inamovible. Ces coordonnées constituent son adresse physique sur terre, qu’on appelle aussi position géographique. Sa hauteur – qui est sa coordonnée Z (la 3e dimension) – peut changer au fil du temps si vous rajoutez des étages R+1, R+2, ou R+3 à votre bâtiment en 2e, 3e, ou 4e année (le temps T est la 4e dimension). En revanche, votre voiture et vous-même avez une position géographique qui peut varier avec le temps, car vous êtes mobiles, de telle sorte qu’on peut suivre vos déplacements et tracer votre cheminement en temps réel.
Dans ce cas précis, comment ces coordonnées sont elles déterminées? Ne l’oubliez pas – nous le rappelions tantôt – la terre a une forme ovale. Cela apparaît simple mais pourtant, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, nombreux sont ceux qui, en passant par Copernic et Galilée avec son fameux « Pourtant elle tourne », ont passé l’essentiel de leur vie ici-bas, à tenter de restituer la forme exacte de la terre. À force d’itérations, cette restitution (ou modèle) s’est faite de plus en plus fidèle à la réalité, de plus en plus exacte, à tel point qu’aujourd’hui, c’est grâce à ce modèle que les coordonnées terrestres des dits OBJETS sont déterminées.
Jusqu’aux années 60, ces coordonnées étaient déduites à partir d’endroits connus avec exactitude. Cependant, depuis le milieu des années 70, les Américains ont placé au-dessus de nos têtes, des astres artificiels qui patrouillent notre planète (satellites), constellation d’oiseaux mécaniques qui tournent en orbite autour de la terre à grande vitesse et qui sont relayés au sol par des stations du réseau GPS (Global Positioning System). Eh oui, notre espace sidéral est envahi par une volaille étrange qui scrute tout sur terre y compris nos arrières cours, 24h/7j, et ce soi disant pour des raisons militaires et parfois humanitaires… Depuis les années 90, c’est aussi beaucoup, soyons clair, pour des raisons commerciales.
Reste que grâce à ces drôles d’oiseaux vous pouvez, si vous avez un récepteur GPS (appareil GPS, navigateur automobile, téléphone portable, etc.), à ciel ouvert et avec une météo favorable, capter le signal d’au moins 4 de ces plateformes extra-atmosphériques et déterminer la localisation de votre récepteur – qui est aussi la vôtre puisque vous le tenez dans vos mains. Cette localisation est d’autant plus exacte que sa mesure est arrimée à une station GPS comme celle que l’on vient d’implanter à la Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques (DTGC) du Sénégal. Finalement, plus le modèle de référence représentant la forme de la terre est proche de la réalité, plus les coordonnées calculées par les récepteurs GPS sont exactes, et plus la position géographique de votre maison ainsi que la vôtre sont définies avec certitude.
Cette capacité à caler la position exacte des OBJETS est cruciale. Imaginez par exemple qu’un incendie se déclare à Guédiawaye (Dakar). Quelqu’un alerte le service public d’urgence local (Sapeurs Pompiers) mais leur fournit une fausse adresse (coordonnées inexactes) du lieu de l’incident. Au mieux, les secours arrivent en retard et trouvent de nombreux dégâts matériels. Au pire, lorsqu’ils se présentent, la maison est déjà réduite en cendres, avec des pertes peut-être tragiques. Dans des villes de plus de 20 millions d’habitants comme Mexico ou Bangkok, où les embouteillages sont légion, ce scénario est très plausible. Il l’est encore plus dans un contexte d’urbanisation sauvage à la dakaroise, sans système d’adressage structuré et numérique. Une erreur d’adresse pourrait aussi conduire votre colis à s’égarer dans le circuit postal, ce qui vous causerait certainement des désagréments. Enfin, si une société n’arrivait pas à situer rapidement l’endroit exact d’un bris survenu sur un réseau de services publics (téléphone, eau, égouts, électricité), ses ouvriers pourraient accuser un retard substantiel sur les délais de réparation et mécontenter certains clients de l’organisation, ce qui affecterait la qualité de son service clients et nuirait éventuellement à sa profitabilité. Voilà, ça c’était pour le préfixe « Géo »!
Quant au suffixe « Matique » de « Géomatique », il réfère à la composante informatique, c-à-d à l’encodage numérique des OBJETS. La géomatique véhicule un langage, celui de la géographie, pour divulguer son message. Ce langage a des règles et une sémantique qui sont standardisées afin de rendre le message universel et faciliter ainsi l’échange et la communication. Celle-ci repose sur les 4 primitives géométriques précitées (points, lignes, polygones, et matrices). Pour simplifier, retenez simplement que les points sont des OBJETS sans dimensions, les lignes des OBJETS ayant une seule dimension (longueur), et les polygones des OBJETS ayant une aire ou superficie. Ce symbolisme n’a de sens que relativement à l’échelle où il est fait. Par exemple, en travaillant à l’échelle de tout le territoire sénégalais, il est plus pratique de représenter les communes par des points, quand à une échelle départementale il sera plus commode et utile de travailler sur des polygones afin de déterminer, par exemple, le nombre d’habitants par km2 ou densité. Les points, lignes et polygones figurent des phénomènes ayant des contours nets tels que les limites administratives, les routes et les forages, tandis que la matrice représente des phénomènes dont les limites sont diffuses – pensons à la température, l’élévation ou la profondeur.
Qu’à cela ne tienne, oubliez le baratin sur ces 4 paradigmes de base, et retenez seulement que ces points, lignes, polygones et matrices sont habillés de diverses couleurs sur vos cartes, qu’ils figurent des OBJETS ou phénomènes réels associés à des coordonnées tout aussi réelles, et qu’ils sont codifiés ainsi par un processus numérique.
Par ailleurs, en sus de ses coordonnées, chaque OBJET ou phénomène est associé à des informations (ex. couleur, périmètre, surface, et numéro de cadastre de votre parcelle) qui le décrivent et qui sont indépendantes de sa position géographique. Ces informations sont rattachées dynamiquement aux OBJETS qu’ils décrivent grâce aux fonctionnalités d’un logiciel informatique. L’ensemble logiciel informatique, OBJETS et informations descriptives est communément appelé « Système d’Information Géographique (SIG) ».
Est-ce enfin cela, la géomatique? Patience, on y est presque… Le SIG ne fait pas toute la géomatique, mais il en est le centre nerveux. Quant à la géomatique, c’est l’ensemble des techniques et méthodes permettant de collecter, stocker, gérer, analyser et afficher (écran, papier, ou web) l’information géographique sur différents supports (cartes, graphes, rapports, globes, etc.). Cette définition assigne tout au SIG, sauf la collecte de données localisées qui est prise en charge séparément par la technologie GPS dont les puces sont désormais intégrées à une variété de gadgets portables (appareils GPS, assistants numériques divers, téléphones intelligents, MP3, appareils photos, caméscopes, etc.), d’outils statiques (stations GPS, théodolites, etc.), et d’engins mobiles (voitures, aéronefs, satellites, plateformes aéroportés à basse altitude, etc.) qui collectent massivement de l’information géographique. Si bien que le « Big Brother’s Watching You » de la fiction orwellienne (1984) est nettement plus d’actualité aujourd’hui qu’en 1948. Tenons-le nous pour dit: la géo-surveillance n’a rien de fictif, c’est bel et bien une nouvelle réalité de l’ère numérique.
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